Cinéma Cornay - rue de l'Abreuvoir - 86120 Loudun
Association cinéma Art et essai
HUIT ET DEMI
jeudi 18 décembre 2025 à 20h30
Des Feux dans la plaine

de Ji Zhang
(Chine - 2021 sortie France 2025)
Durée du film : 1h41
Avec : Zhou Dongyu, Liu Haoran, Yuan Hong
Fin du XXe siècle. Dans une région du nord de la Chine délaissée par la révolution économique, une vague de meurtres secoue une petite ville ouvrière. Puis le serial killer interrompt sa mortelle randonnée. Huit ans plus tard, un jeune policier rouvre l’affaire. Après les récents « Black Coal », « Une Pluie sans fin » ou « Only the River Flows », le polar made in China confirme son ancrage politique. L’ellipse temporelle sur laquelle repose l’intrigue représente métaphoriquement le trou noir social qui aspire le pays à cette époque charnière. Avec « Des feux dans la plaine », Zhang Ji met en scène avec une tension aussi sourde que glaçante un film noir et anxieux sur l’ouverture contrainte au consumérisme et ses ravages. (Xavier Leherpeur)
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Sur un scénario qu’il reconnaît avoir écrit avec la menace de la censure en ligne de mire, il complexifie avec pertinence son histoire grâce à une réalisation faite d’images manquantes et d’ allégories puissantes, comme ce feu, omniprésent, symbole pétri de contradiction, synonyme à la fois de lumière et de destruction. (La 7e Obsession)
Avec « Des feux dans la plaine », Zhang Ji met en scène avec une tension aussi sourde que glaçante un film noir et anxieux sur l’ouverture contrainte au consumérisme et ses ravages. (L'Obs)
Ji Zhang réalise un film à l’image superbe, avec une excellente maîtrise de l’éclairage des scènes de nuit. Il brosse avec efficacité le portrait d’une Chine du Nord industrielle et sinistrée, où la crise scinde sa population en victimes et profiteurs. (La Croix)
Surprenant pas sa structure en deux parties, liée à un rebondissement inattendu, le film affirme Shu comme personnage principal dans la seconde, située 8 ans plus tard, les meurtres n’étant pas véritablement résolus, et le doute planant, même pour le spectateur, sur l’identité du tueur. Entre filatures avortées, histoire d’amour contrariée, "Des feux dans la plaine", passé par la compétition du Festival de San Sebastian 2021, parvient à maintenir le suspense grâce à un contexte de milieu urbain tentaculaire, et une toile de fond de montée de la délinquance et de la drogue. En potentiels amants maudits, qui s’étaient promis un feu de joie sur les berges d’un lac à Noël 97, le film s’affiche comme la chronique d’un désenchantement d’une jeunesse devant se réinventer un futur. (Abus de ciné)
Le filtre du polar et du mélodrame permet à Zhang Ji une belle distanciation, même si l’histoire est limpide dans son déroulement (il y a bien quelques zones d’ombre et invraisemblances mais cela n’est plus un problème dans le thriller depuis Le grand sommeil). Le second atout du film est un retournement surprenant, qui entraîne une rupture dans le fil du récit, même s’il ne faut pas s’attendre pour autant à un pitch à la Psychose. Enfin, le cinéaste témoigne d’un réel sens de l’atmosphère : des usines où se négocient d’étranges transactions aux saunas glauques où se cachent d’anciens criminels, en passant par des commissariats où la drague se pratique autant que la baston, l’univers décrit par le réalisateur balaie les tréfonds de la noirceur humaine. Et une jeune femme mutilée manipulée par son paternel pourra convoquer le souvenir des Yeux sans visage, pépite sombre et poétique. On peut juste espérer que le réalisateur se libère un peu des tentations de l’exercice de style et de la métaphore (la symbolique des flammes, à multiples niveaux toutefois). Des feux dans la plaine n’en demeure pas moins un bel objet prometteur. (Club A Voir A Lire)
